Les entreprises ne peuvent plus se priver des ressources de la spiritualité pour redonner du souffle aux collectifs humains et répondre aux défis sociétaux de notre temps. Notre collectif (1) interpelle pour faire avancer le leadership spirituel dans l’entreprise.
La crise actuelle n’est pas seulement économique ou sanitaire ; elle est plus profondément existentielle.
Nous, dirigeant(e)s, managers, comme nos collaborateurs, agissons trop souvent selon des conditionnements de performance et souffrons de plus en plus d’être déconnectés du réel, coupés de l’essentiel. Nous voyons que le matérialisme, le consumérisme, la financiarisation du monde se révèlent inaptes à nourrir l’être humain dans l’ensemble de ses dimensions. La crise accélère cette réalité et nous mesurons au quotidien l’urgence d’opérer des changements profonds dans la manière de mobiliser nos communautés et de faire vivre nos organisations.
Aujourd’hui, nous appelons, avec le réalisme et le pragmatisme qui caractérisent nos visions d’entrepreneurs, à prendre en compte la dimension spirituelle de l’être humain comme un élément déterminant de nos organisations et de leur intelligence collective. Celles qui ne le feraient pas risquent de se mettre en décalage de fond avec les aspirations des collaborateurs, les évolutions des marchés et les attentes sociétales, menaçant in fine leur survie. Avec cette crise, un nouveau monde aspire à naître ; nous avons la responsabilité d’en être les acteurs engagés et éclairés.
Par spiritualité, nous entendons ce besoin intime et fondamental de l’Homme de se relier à une source intérieure ou transcendante qui le vivifie, l’inspire et lui donne la force d’agir de manière responsable, dans le respect essentiel de l’autre et du vivant. S’il est clair que les religions, au sein desquelles les différentes modalités de prière connaissent un regain d’intérêt, demeurent un vecteur majeur de la spiritualité, celle-ci ne s’y réduit cependant pas et prend aujourd’hui des formes personnelles et diversifiées.
La dimension spirituelle gagne inexorablement le champ de l’entreprise : l’évolution des motivations, la réflexion sur le sens du travail, l’éthique, l’écologie, la RSE, la raison d’être (loi PACTE), etc., sont quelques-uns des marqueurs pluriels de cette dynamique. À travers les six réseaux signataires de cet appel, ce sont des centaines de dirigeant(e)s et managers qui affirment l’importance de la spiritualité dans leur engagement professionnel (1) :
La spiritualité est déjà présente mais de manière invisible dans l’entreprise. Pourtant jugée essentielle, très importante ou importante dans leur vie professionnelle (86 %), 54 % des gens n’en parlent que rarement ou jamais dans le cadre du travail.
Elle prend des formes variées : méditation (64 %), développement personnel (65 %), écologie (53 %), solidarité (46 %), prière (37 %), etc., souvent à travers des couples : méditation-écologie (39 %), méditation-pratique corporelle (34 %), religion-prière (24 %), etc.
Face aux crises, elle est une ressource très importante (74 %) renforçant la qualité de vie au travail, surtout à travers la relation aux autres et le management (49 %), le sens du travail (45 %) et la vision stratégique (42 %). Les entrepreneurs et dirigeants chrétiens affirment que leur foi les « soutient » (97 %) et qu’elle les « aide à relire les actions posées dans l’entreprise » (82 %).
La spiritualité en entreprise est appelée à se développer : 42 % pensent qu’elle doit y prendre une place plus importante, et 25 % qu’elle en est un des moteurs futurs.
Ainsi, la spiritualité est un puissant vivier de mieux-être, d’engagement, de cohésion, d’innovation et de richesse économique et sociale, qu’il serait mal avisé de négliger.
Forts de nos observations, nous, dirigeant(e)s, managers, chercheurs de sens, affirmons que :
L’ampleur des crises actuelles nous appelle à mieux assumer la spiritualité dans le travail, dans le respect de la sensibilité de chacun ;
Celle-ci est une source de discernement, d’inspiration, d’engagement et d’espérance qui concourt à un développement durable des entreprises ;
L’ignorance de cette source expose les différents collaborateurs à un risque plus élevé de tiraillements existentiels voire d’épuisement ;
Les dirigeant(e)s ont la responsabilité de créer le cadre propice à libérer la richesse et la créativité que la spiritualité apporte.
Nous invitons donc les entreprises et leurs dirigeant(e)s, à l’avant-garde des transformations économiques, sociales et écologiques, à oser un leadership spirituel qui serait une réponse puissante aux attentes de leurs collaborateurs et aux défis de notre époque, afin que la richesse intérieure de chacun puisse nourrir une économie du bien commun.
Pour en savoir plus et rejoindre le collectif, contactez Pierre-Yves Léger via
(1) Les signataires sont :
Marianne de Boisredon, Responsable Fondacio France
Tanguy Chatel, Président du Forum104
Romain Cristofini, Président de la Communauté des Leaders Éclairés
Jacques Huybrechts, Dirigeant fondateur d’Entrepreneurs d’Avenir
Marie Regnault, Co-Présidente du Club SpiritualitéS HEC Alumni
Philippe Royer, Président des Entrepreneurs et Dirigeants Chrétiens
(1) 600 entrepreneurs et managers ont répondu à un questionnaire en ligne (février 2021). Les données concernant les EDC sont issues de leur baromètre 2018 (974 répondants).