Interview avec…
Daniel Crevier, coresponsable du service Chant, musique, louange de Fondacio en France. Daniel, permanent, fait aussi partie de l’équipe qui coordonne les propositions spirituelles pour le centre de l’Esvière, à Angers. Il nous plonge dans l’univers de la louange, à deux semaines du stage de l’Ascension qui se déroulera à Arras, du jeudi 26 au dimanche 29 mai 2022.
Que signifie pour toi la louange ?
Pour moi, c’est une attitude de cœur qui nous ouvre avec gratitude et émerveillement à notre Créateur. La louange fait partie de la prière. C’est tellement beau et simple, c’est comme une respiration. C’est un moyen de nous ouvrir à notre Créateur, au Tout autre.
Personnellement, je crois qu’on est précédé, qu’il y a un Créateur, qu’avant de naître, on était espéré, aimé. La louange est une clé magnifique pour goûter à cette présence qui nous dépasse et qui n’est pas une puissance dominatrice mais d’Amour.
Comment la louange résonne-t-elle en toi ?
La louange c’est retrouver son âme d’enfant. C’est respirer la vie. Car la vie ne demande que ça : rentrer dans nos cœurs. Pour moi, louer c’est comme aller faire son jogging – moi qui ne suis pas un sportif du tout ! Ça me met en mouvement. La louange nous déplace dans nos vies quotidiennes complexes, à la fois joyeuses, mais parfois lourdes. Elle nous recentre.
Qu’est-ce qui peut nous aider à louer ?
C’est cette capacité d’émerveillement, de s’appuyer sur l’histoire du peuple de Dieu qui, dès les débuts, louait Dieu. La Bible est un bon outil pour cela. Les psaumes renferment plein de beaux moments de louange, tout comme ils renferment des cris. C’est cela qui est beau : le peuple s’adresse à son Dieu, il Lui exprime sa joie quand il est heureux, mais peut aussi Lui crier son désespoir.
La louange vient nous chercher dans notre cœur, dans nos veines. Dans les psaumes, on voit à quel point la musique est importante. On parle de faire résonner la harpe, de faire sonner les cymbales… Nous sommes mis dans la respiration : la louange nous invite à oser dire un mot, une phrase, une strophe, une page. C’est spontané, ça ne se programme pas.
Il existe des prières qui sont très structurées ; la louange, au contraire, s’invente au fur et à mesure. Il y a une dose de « déprogrammation » : c’est se laisser faire. Il peut y avoir des moments de jubilation. La louange, c’est oser faire confiance à son âme d’enfant.
Comment se passe la louange à Fondacio ?
A Fondacio, ce qui nous aide à vivre la louange c’est la musique et le chant. Ce n’est pas pour rien que nous avons sorti la 4e édition de notre carnet Souffle – Chants de vie et de prière, l’année dernière, en plein confinement. Il est noté, à la page 321 :
La louange est essentielle. Elle s’enracine dans l’esprit des psaumes. Une alternance de chants et de louange spontanées conduit peu à peu à ouvrir les cœurs à la présence de Dieu et établit l’assemblée dans la joie. La louange est en soi libération, force, guérison. Il est important de nous entraîner les uns les autres et de durer dans cette louange au maximum. C’est elle qui donne le climat du reste de la prière.
Carnet Souffle
Quand on loue, on s’adresse à notre Créateur, au Seigneur, à Dieu, soit pour Le remercier à propos de choses concrètes ou en utilisant des qualités (par exemple : « que Tu es bon, Seigneur ! »). La louange est gratuite, à destination de ce Tout amour, Tout puissant de délicatesse, ce Tout discret.
Qui dit louange dit…
Joie ! On choisit la vie. Certes, nos humanités comportent des creux, des impasses, mais on choisit la vie. Et ça, c’est contagieux ! C’est une spirale de vie. Cela met de la lumière dans nos existences. Cela vient nous aider à relativiser nos soucis.
Quand on va au bout de notre louange, on ressent un bien-être, comme après une session de sport. Le fruit de la louange, c’est cette qualité d’arrêt, de silence, que moi musicien, j’appelle la plus belle musique : le silence de ce cœur à cœur avec notre Créateur.
A quel point est-ce vital pour toi ?
C’est important d’avoir ce silence dans nos vies palpitantes et passionnantes, qui parfois attisent notre gourmandise. La louange est dynamique, jeune, intergénérationnelle : c’est essentiel de demeurer dans ce dynamisme.
Quels sont tes moments préférés pour louer ?
Quand je suis seul dans ma voiture ! J’éteins la radio et je m’adresse à Dieu, comme à un ami. Cela m’arrive aussi quand je suis sous la douche. Souvent, il me vient un chant que je vais reprendre et reprendre. Ça fait penser à un mantra. Pour moi, c’est comme le laboureur qui prend son outil et laboure sa terre.
La louange c’est comme un muscle : c’est une activité spontanée, mais qui grandit à mesure que j’en prends soin. C’est comme un musicien qui prend soin de son instrument. Ça me fait penser à ce passage du Petit prince :
C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.
Antoine de Saint-Exupéry
Et au sein de Fondacio, à quels moments loues-tu ?
Ici, à Fondacio, je vis la louange chaque semaine de manière officielle. Je fais partie de l’équipe qui porte le temps de louange des mercredis midis (12h15-13h) pour les 18-30 ans, dont les coresponsables sont Camille et Laëtitia. On débute par un chant, ça nous met dans un dynamisme, une respiration. La force du chant est qu’il passe par nos sens : tous nos sens sont des portes d’entrée et d’expression de la louange.
Après le temps du chant, ceux qui le souhaitent peuvent exprimer librement leur prière à voix haute. La parole circule. On peut inviter les personnes à simplement dire le mot ou la prière qu’ils ont dans le cœur. On peut aussi être amené à nous tourner vers le Saint Esprit.
Souvent, les temps de louange du mercredi finissent dans la joie, une joie enracinée, complète, centrée, une joie plus forte. La louange est le premier moteur de la prière qui nous amène dans un cœur à cœur qui nous restaure, nous donne de l’énergie, nous purifie et fait qu’on en sort à la fin renouvelé.
Il y a aussi l’assemblée de prière mensuelle ?
Oui, à Fondacio, un autre moment important est notre prière mensuelle, l’assemblée de prière. Elle se déroule tous les deuxièmes mercredis du mois (de 20h30 à 22h, chapelle de l’Esvière). Là, c’est ouvert à tous. D’ailleurs, la communauté de l’Arche de la Rebellerie se joint à nous et c’est une vraie richesse.
Les personnes en situation de handicap à l’Arche ont vraiment ce cœur d’enfant. C’est très beau. Ils sont connectés. Leur présence nous fait du bien. Je la reçois comme une présence du Seigneur : c’est une visitation pour moi.
Lors de l’assemblée de prière mensuelle, les chants sont projetés. Il y a souvent un ou deux guitaristes, un bassiste, un claviériste, une violoncelliste, une flûtiste, une violoniste et un batteur.
Vous vous appuyez pour cela sur le carnet Souffle ?
Oui, beaucoup, pour la musique et les chants. Il est très riche. Dans notre répertoire, nous avons une variété de compositeurs chrétiens. Depuis des années, nos frères protestants ont donné beaucoup d’élan dans les chants qui parlent du Seigneur avec une grande qualité musicale. Cet élan a stimulé de nombreux compositeurs catholiques. Notre carnet Souffle met en valeur ces fruits des confessions catholique et protestante.