Huit jours de travail intérieur à l’école de Saint-Ignace : luxe, cadeau ou nécessité ? Et s’il s’agissait de la possibilité d’un temps de grâces majeur…

« Le péché, c’est quand je quitte la maison du Père » : une phrase souvent entendue au Puits de Jacob, notamment à La Thumenau, centre d’accueil près de Strasbourg. La parabole du Père prodigue (Luc 15) permet de méditer cette évidence.

La maison du Père, on peut donc la quitter intérieurement. Mais on peut aussi y résider concrètement, le temps d’une halte… près du Puits. Vous qui ne connaissez ni ce lieu ni cette communauté, accourrez-y vite si l’expérience d’un tel séjour vous tente… avant celle du repos éternel en Sa présence !
Début juillet, j’ai la chance de vivre une nouvelle expérience de ces fameux exercices spirituels de Saint-Ignace (né en 1491 – on peut donc imaginer que ce type de retraite a été largement donné depuis).

Souffle inspirateur

La Thum’, une maison et des groupes à taille humaine. Cette semaine, nous sommes dix-huit retraitants, accompagnés par une équipe de six personnes, aidés par une autre équipe, fixe ou mobile, au service de l’intendance. Forte représentation masculine, rare et précieux dans un cadre de retraite. Pologne, Asie, Belgique… et Bretagne également représentées !

Quelques repères fixes chaque jour : l’enseignement, les temps de célébration (messe, louange et soirée dans la chapelle), l’accompagnement personnel, les repas. Ensuite, nous sommes invités à installer nos trois moments de prière personnelle dans les nombreux créneaux restant.

L’équipe animatrice vit sa mission dans un jaillissement d’Esprit-Saint. Si une chose peut être routinière, ce sont bien les exercices, par nature précis, balisés et « répétitifs ». En revanche, ici, la pédagogie, le contenu des veillées, le choix des textes pour la prière, tout est soumis au Souffle inspirateur, jour après jour.

« Voyez comme ils s’aiment »

Quelle grâce de se mettre ainsi à l’école d’un maître spirituel, expert de l’âme humaine, de la personne, cœur, corps, esprit, via des exercices inspirés. Dans ses recommandations, le saint de Loyola est à la fois net, concret et souple.
Monique Graessel, actuelle modératrice (responsable) de la communauté, pastourelle et animatrice passionnée de cette semaine, en duo avec le père Patrick O’Mahony, pour l’eucharistie de fin de matinée, jubile dans son art d’enseignante, pédagogue, en avant de nous sur le chemin des exercices. Elle a été formée en particulier par le père Gueydan, éminent spécialiste. Subtile alliance de rigueur et de réalisme, de parler vrai et d’humour, sa parole nous invite à la confiance, à l’écoute intérieure (« Dieu nous parle notre langue maternelle  ») et à celle de Dieu à travers les Ecritures. Avec un feu contagieux.

L’accompagnement quotidien permet de repérer les lumières, les résistances ou obstacles… De percevoir la grâce d’appels singuliers, maillés dans un tissu fraternel et fondé en terres d’Eglise universelle.
Triple sceau du Puits de Jacob : foi vive, simplicité enracinée, vie fraternelle.

« Voyez comme ils s’aiment » : de fait, cela se voit à l’œil nu ! Sourires de proximité libre, gestes d’attention et de soutien, au fil des journées où les serviteurs… n’arrêtent pas ! La ruche bruit en silence de leurs multiples activités, côté cour comme côté jardin.

Christ sans bras et potager abondant

Dans le parc, un puits propose sa parole musicale et symbolique : la vasque en pierre moussue déborde et offre son eau fraîche par rebond. Autre parole d’abondance : le potager, qui jouxte un sympathique jardin du curé. Des journées-chantier hebdomadaires permettent que les lieux soient à la fois bien entretenus et familiaux, foisonnant de formes, fleurs, fruits et légumes de toutes sortes.

Dans la chapelle, sise ans une ancienne grange, un Christ en bois sur une croix, sans bras : puissante invitation à mobiliser nos bras et énergies pour le Royaume. Le tabernacle en émail coloré : don d’un membre de la communauté, qui, au seuil de ses soixante ans, a quitté sa région, sa famille, sa maison (elle a beaucoup œuvré à La Thum’ depuis les débuts, il y a trente ans), pour renforcer l’équipe du Togo, second lieu du Puits de Jacob, avec un centre médical récent.

Besoin de marquer un temps d’arrêt éclairant…
Soif d’eau vive pour irriguer votre chemin…
Aspiration à entendre plus loin l’appel de Dieu ?
Bienvenue au Puits de Jacob !

Odile Foch

Pour aller plus loin : www.puitsdejacob.com/