Reportage
Sur l’île Saint-Honorat, au large de Cannes, il n’y a ni béton, ni voiture ; seulement des faisans, des mouettes et des oiseaux. Cette faune évolue entre les vignes et les oliviers. Les moines, présents sur l’île depuis le IVe siècle, prennent soin de ce patrimoine. En partenariat avec l’abbaye de Lérins, Fondacio a investi ce havre de paix depuis 2007. Chaque année, des sessions d’une semaine sont proposées pour permettre aux lycéens de réviser le bac à Lérins.
Le programme est quasiment le même chaque jour. A 7h, les jeunes s’éveillent avec le chant des oiseaux. Certains commencent par une course à pied, d’autres préfèrent se balader autour de l’île. Puis, à 7h30, tous font honneur au petit déjeuner préparé par Élisabeth, Pascale et Marie-Nelly. Ces retraitées, souriantes et dévouées, font le bonheur des participants. En plus des repas, elles veillent qu’à chaque pause entre les révisions, les jeunes aient de quoi se sustenter.
Se détendre avant de réviser
Avant de commencer les révisions, Agathe et Andreas, en charge de la session, proposent quinze minutes de méditation. Ils prennent place au milieu d’un cercle d’arbres au nord de l’île encore calme et tranquille à cette heure. Les animateurs, paisibles et bienveillants, invitent les jeunes à fermer les yeux pour se recentrer. Parfois, un chant est entonné pour conclure ce temps de silence.
Puis vient le temps des révisions du matin sur l’île de Lérins : de 8h30 à 12h30. Pour tenir dans la durée, des pauses ont lieu, toutes les deux heures, en moyenne, pour s’aérer l’esprit.
Un nouvel enjeu : le Grand oral
Après le déjeuner, entre 14h et 15h, les lycéens peuvent reprendre leur révisions ou participer à des ateliers pour préparer le Grand oral. Ces ateliers sont animés par les responsables de la session et une animatrice. L’objectif pour les volontaires est de percevoir leurs points forts et leurs points faibles.
Andreas, chargé de l’exercice d’éloquence, donne les consignes : face à deux camarades et un animateur, chaque jeune prend la parole pendant une minute sur un sujet qui le passionne : sport, art, animaux… Puis, les trois membres du public expriment avec bienveillance ce qu’ils ont perçu de l’oral du jeune. Les retours concernent souvent l’élocution, la posture du lycéen et sa façon de capter l’attention du public.
Ismaël, élève de première à Marseille, se prépare déjà au Grand oral qui, pour lui, aura lieu en 2023. Cet exercice sur l’éloquence l’a marqué : « Les animateurs m’ont donné des conseils qui vont me permettre de peaufiner mon oral, et, de décrocher j’espère une meilleure note. »
Côtoyer les moines
Vers 16h, après une ou deux heures de révisions, les jeunes profitent de temps de rencontres avec l’un ou l’autre des 21 moines. C’est l’occasion d’échanger et de découvrir un autre mode de vie. Marie-Lou, 16 ans, est en terminale. Elle médite sur le quotidien des moines : « Ce que je trouve fou chez eux, c’est leur présence. La façon dont ils parlent, dont ils expliquent les choses. Ils sont juste simples et sereins. Leur mode de vie est à l’extrême du mien et du nôtre en général. C’est impressionnant à voir ! »
Chaque jour, le dernier bateau de tourisme part pour Cannes à 17h30. À partir de cette heure-là, comme même les échos du continent ne parviennent pas à atteindre ce bout de terre, l’île Saint-Honorat retrouve son silence. Ces débuts de soirée sont l’occasion de se promener et, pour Camille, de profiter du calme de l’île désertée par les touristes : « C’est paisible, on n’a pas tout le bruit des voitures, tous les trucs habituels qui sont un facteur de stress. »
Oser la confiance
Après le dîner, toujours copieux, vient le temps de la soirée selon la pédagogie de Fondacio. Cette pédagogie est simple : développer la confiance en soi pour être heureux avec les autres et trouver sa place dans le monde.
Pour les jeunes lycéens, il s’agit de renforcer la confiance en soi, envers les autres et en l’avenir.
Jeudi soir, lors de l’atelier sur la confiance en l’autre, les lycéens ont osé la confiance grâce à des exercices. L’exercice de la main notamment, qui s’effectue à deux. Une personne est meneuse et l’autre est suiveuse. La meneuse place sa main devant le visage de son coéquipier, qui ose la confiance. Puis elle déplace sa main lentement pour mener son coéquipier à travers la pièce.
Pour Simon, l’exercice est bénéfique : « Je ne donne pas assez ma confiance aux autres et je dois plus m’ouvrir. »
Changer de regard
La soirée continue avec l’exercice du regard. L’un après l’autre, les participants se placent au centre du cercle et fixent un à un le regard de chacun des participants.
Après l’exercice, Marie-Lou partage sa surprise : « J’ai trouvé ça trop bien ! Je me disais : « Ça va, tu fais le tour vite fait et c’est bon”. Mais en fait, c’est super dur ! C’était compliqué pour moi de le faire et ça m’a permis de réfléchir dessus. J’ai trouvé ça cool.«
A la fin de la soirée, après un temps de partage, Ismaël constate : « J’ai appris des choses qui m’étaient inconnues grâce à cette soirée sur le regard des autres. Je me rends compte que je voudrais essayer de me détacher un peu plus du regard des autres. »
Enfin, à 22h30, après quelques minutes d’un dernier échange, les jeunes vont se coucher dans la quiétude de l’île qu’anime seulement la brise du soir.